samedi 21 décembre 2013

Le FN, populiste et poujadiste

Henri Guaino : « Le FN, populiste et poujadiste »

Dieu sait que je ne peux pas souffrir Henri Guaino, mais sa dernière tribune dans Le Monde vaut le coup d’être lue entièrement. Il y explique que, de son point du vue gaulliste, les vues politiques du FN et sa posture lui sont complètement étrangères.

D'où vient alors ce malaise indicible que j'éprouve comme tant d'autres face à ce parti et qui m'empêchera toujours de pactiser avec lui ? Il vient du sentiment, dont je ne peux pas me défaire, qu'il y a dans sa conception du pouvoir quelque chose de monstrueusement inhumain et que le problème posé par le FN est dans ce que j'appellerais, au risque assumé de la polémique, son ADN.

C'est une métaphore. Il ne s'agit nullement ici de biologie. Mais, j'y reviens, les partis comme toute collectivité humaine, comme les nations, ont une histoire, une expérience, une culture qui leur façonne une manière d'être et de penser.

Si avec les responsables du FN, il n'y a jamais de débat possible, seulement des affrontements, c'est parce que ce parti a encore et toujours besoin d'ennemis. Sa nature est d'être toujours l'instrument d'une colère ; aujourd'hui, l'immense colère qu'éprouvent tous ceux qui se sentant dépossédés de leur vie veulent dire non à tout parce qu'ils ont le sentiment que c'est l'ultime refuge, l'ultime expression de leur liberté.

N'ayant jamais été confronté à l'épreuve du pouvoir, le FN peut impunément se nourrir de la rancoeur contre ceux qui l'ont un jour ou l'autre exercé. La colère est aveugle et ravageuse. Lorsqu'elle retombe, c'est toujours au milieu d'un champ de ruines. On ne discute pas avec la colère.

On ne gouverne pas non plus avec elle. Longtemps, le FN n'a pas voulu gouverner. Jean-Marie Le Pen trouvait toujours le moyen d'y échapper en proférant une énormité qui faisait scandale. Marine Le Pen et ceux qui l'entourent, eux, ont soif de pouvoir. C'est nouveau.

C'est bien le problème, car, au FN, la conception du pouvoir n'a pas changé, elle en récuse la dimension tragique et humaine : pas une once de considération pour les pauvres existences qui sont en jeu, pour les vies que l'on risque d'abîmer, pour les drames humains auxquels aucune conscience ne devrait rester indifférente, aucun sentiment, aucun doute.