lundi 26 août 2013

Vivre en survivant

Je me souviens qu'on lisait "Vivre en survivant : démission, démerde, dérive" de Jacques Sternberg, que c'était même devenu notre bible, on y puisait notre modèle de vie. Jacques Sternberg y décrivait son Vélosolex, qu'il appelait la meilleure invention humaine et avec lequel il disait avoir parcouru près de 300 000 km. Moi aussi j'avais un Vélosolex et c'est vrai que c'était un engin formidable, un vélo avec un moteur très simple, monocylindre à deux temps, placé à l'avant et entraînant la roue avant au moyen d'un galet. Le Vélosolex était très robuste, en dehors de la roue avant qui finissait par être usée par le galet, c'était même quasiment indestructible, sauf accident. Des accidents il en arrivait parce que le Vélosolex était très casse-gueule, tout le poids à l'avant, sur le guidon, un nid de poule ou une bosse mal négociés pouvait facilement vous envoyer dans le décor. Et quand la route était mouillée c'était encore pire.

J'ai longtemps cru, et d'une certaine façon, j'y crois encore, que Sternberg s'était approché de la vérité dans "Vivre en survivant". Le problème est qu'en être convaincu ne suffit pas, il faut être complètement indifférent aux sirènes de la consommation et avoir une puissante motivation, comme la vocation d'être écrivain. J'ai essayé quelques années et puis de guerre lasse je suis rentré à la SNCF. Il me manquait la motivation et j'avais envie de trop de choses.