samedi 17 août 2013

Dilemme

Pourquoi Obama ne coupe-t-il pas l'aide militaire à l'Egypte (1,5 milliards de $ par an), au regard du coup d'état et des massacres que les militaires égyptiens viennent d'accomplir.

Le fait est que cette aide est en une garantie de paix avec Israël, les Etats-Unis achètent la tranquillité de ce coté là pour leurs amis israéliens. Le fait est aussi que couper l'aide militaire n'aurait probablement aucun effet sur la détermination des militaires égyptiens à garder le pouvoir et à éliminer les Frères Musulmans, d'autant qu'elle serait aussitôt remplacée par de l'argent en provenance des pays du Golfe qui soutiennent complètement les militaires égyptiens contre les islamistes. 

Et puis comme l'explique très bien James Traub dans cet intéressant article de Foreign Policy, Obama et son entourage sont des conséquentialistes (à l'opposée des néo-cons moralistes de l'administration Bush junior). 

Both Obama and many of the people whose advice he has listened to since 2009 are morally driven figures who nevertheless accept that the world is a fallen place which cannot easily be changed, even with all of America's might.  Samantha Power, a senior White House official before she became U.S. Ambassador to the United Nations, used to say, "We are all consequentialists now." We -- that is, outside advocates and activists like her who had joined the administration -- had an obligation to choose words, and policies, according to their consequences, not according to some abstract moral scale. If praising dictators in Sudan or Burma, as the administration did at times, encouraged them to reconcile with their rivals, then they should be praised. Cutting ties to demonstrate the purity of your indignation, by contrast, is irresponsible. 

Obama s'est donc converti au réalisme et à la morale de responsabilité. Mais une telle position est moralement dure à tenir quand les gens à qui vous donnez de l'argent (pour avoir la paix, rappelons-le) s'en donnent à coeur joie pour massacrer leurs opposants. Aux yeux du monde vous apparaissez comme cautionnant finalement ces exactions en n'y réagissant que par de vagues menaces et indignations.

C'est tout le dilemme. L'homme qui est à la tête de la plus grande puissance mondiale, l'hyper-puissance comme on aime le dire en France, a des choix cornéliens à faire.