jeudi 2 août 2012

Jeudi

Journée ennuyeuse. Un collègue est mort. Ou plutôt on a appris sa mort ce matin. Un type que je ne connaissais pas bien, avec qui je n’avais jamais vraiment eu de conversation bien qu’il travaillait dans le même open-space que moi. Je ne suis même pas ému. Je ne m’attache pas du tout à mes collègues, qui ne deviennent jamais des amis d’ailleurs. Là, c’est le deuxième collègue de ce même bureau qui meurt. Le premier, curieusement, personne ne s’en était ému, le second ça remue les gens apparemment. Je pense que c’est au moins le dixième collègue qui meurt d’un cancer. En trente ans de carrière dans cette boite. Je ne les compte pas et je les ai oublié pour la plupart, j’ai oublié leurs noms, comme j’oublie très rapidement les noms des collègues avec qui je ne travaille plus. Au fond je pense qu’il y beaucoup d’émotion feinte dans les réactions des gens à cette nouvelle, deux ou trois sont réellement touchés mais le reste, je ne crois pas, il font semblant d’avoir la mine grave parce que c’est ce qui se fait dans ce cas là. C’est une attitude sociale, tout au plus, de conformité aux manières. Inutile de dire que je suis bien incapable d’une telle feinte normale.

Dans l’après midi je suis pris d’une grosse envie de dormir. Il fait un peu chaud dans le bureau et c’est très calme. J’essaie de dormir quelques secondes sans me faire remarquer. Je parviens à m’assoupir une ou deux minutes, assis, en faisant semblant de lire un papier, pas tout à fait à dormir profondément. Des éléments de rêves passés me traversent l’esprit et par moment je confond un peu la réalité et le rêve. Puis je me réveille, bois un verre d’eau fraîche et je pétille à nouveau. Il faut une grosse expérience pour faire ça sans se faire remarquer et j’ai cette expérience. J’en suis assez fier d’ailleurs. Pouvoir roupiller deux minutes ça vous requinque un homme. L’autre jour j’ai observé du coin de l’œil un collègue qui en faisait autant mais lui ça se voyait, pas assez de maîtrise.

Qu’est-ce que j’en ai marre de ce travail. Vivement que je prenne ma retraite.