samedi 4 février 2012

Impair

Il arrive parfois qu'on veuille rattraper un impair qu'on s'imagine, à tort la plupart du temps, venir nous hanter plus tard et nous rendre la vie impossible ou du moins désagréable, et qu’en essayant de le rattraper on l'aggrave car la personne auprès de qui on l’avait commis a oublié ou n'y a pas accordé d'importance et nos tentatives pour rattraper notre faute la lui remettent en mémoire ou lui confèrent une importance qu’elle n’avait pas. Quand j’étais en proie à la dépression, sans le savoir ou du moins sans le réaliser, j’étais souvent pris par cette idée, obsédante et exagérée, que j’avais commis une faute grave ou que j’avais trahi une personne. Et cette idée m’obsédait au point de m’empêcher de faire quoique ce soit d’autre, en particulier de dormir ou de lire, jusqu’à ce que je me rachète ou que j’essaye d’effacer l’angoisse en m’expliquant ou en tentant d’atténuer la portée de mes paroles malheureuses. Je sais que c’était un effet de la dépression parce que, maintenant que je suis guéri, ce genre d’angoisse ne m’arrive plus, ou, plus exactement, quand elle arrive je parviens à la chasser de mon esprit conscient sans difficultés. Elle part rejoindre les autres angoisses mort-nées dans les recoins de mon inconscient d’où parfois elle ressort sous forme de rêves, mais changée, transformée en un scénario absurde et décousu. Aussi ai-je toute la compassion et toute la compréhension du monde pour cet homme qui m’a appelé ce matin au téléphone pour s’expliquer, atténuer une parole qu’il avait prononcé hier au repas et que j’avais complètement oublié, à laquelle je n’avais pas attaché la moindre importance.