samedi 27 novembre 2010

The Next Three Days

(Attention: spoilers)

Vu The Next Three Days, un film écrit et réalisé par Paul Haggis avec Russell Crowe et Elisabeth Banks et une floppée de seconds rôles tous plus ou moins vus à la télévision. Paul Haggis est un excellent professionnel, ses images et son montage sont impeccables, il maitrise parfaitement les codes du suspens et du thriller et il parvient à faire bien fonctionner son film. Mais seulement à le faire "fonctionner", hélas, pas à saisir le coeur des spectateurs pour ses personnages. L'implausibilité de l'histoire est un obstacle à notre empathie, mais finalement pas le moindre. La famille des protagonistes est trop parfaite, la femme trop belle, le mari trop exemplaire (prof' dans un "community college" conduisant pendant tout le film (et en particulier pour s'échapper des griffes de la police))... une Prius, n'en jetez plus! Ils sont tellement beaux, parfaits, unis, normaux (et cette conscience sociale, cette satisfaction d'être du coté du Bien), qu'on a presqu'envie qu'il leur tombe dessus une grosse tuile, et a point nommé la tuile tombe. A ce moment là au moins on n'est pas dèçu. Mais à partir de cet événement, Haggis ne s'embarrasse plus: la fin est sensée justifier les moyens, même le meurtre (de salauds, certes, mais quand même), et le héros se met, au volant de sa Prius, à appliquer un relativisme moral assez dérangeant finalement pour le spectateur, d'autant que la fin de l'histoire lui donne raison! Ce que nous dit Haggis, c'est que si l'on est victime d'une erreur judiciaire et qu'on est bon, beau et généreux, on est justifié à tuer, à enfreindre toutes les lois, à utiliser la violence contre les gardiens de prison et la police pour faire évader la victime de cette horrible erreur judiciaire et pour sauver sa parfaite cellule familiale.

Il y aurait aussi pu y avoir beaucoup plus de sarcasmes et d'humour, mais là aussi on reste sur sa faim. Bref, un film distrayant, sans plus, et comportant une moralité très discutable.