jeudi 19 novembre 2009

Voix

Dans le métro le type à coté de moi écoutait de la musique dans ses écouteurs à un tel volume que j'en était gêné, pourtant à un mètre de ses oreilles et que je suis descendu pour monter dans une autre voiture. C'était insupportable ce bruit. Il écoutait du metal ou quelque chose comme ça, en tout cas un truc de cinglé qui ressemblait de loin à un tir de mitrailleuse continu. Une horreur.

Je me rends compte que j'écoute de moins en moins de musique en vieillissant et que celle-ci m'intéresse de moins en moins les années passant. Quand je suis chez moi je mets plutôt la radio. J'aime beaucoup la radio et en particulier NPR sur iTunes ou une émission en podcast. Plus la radio parle mieux c'est, et en anglais c'est encore mieux!

J'aime les voix, elles me restent plus en mémoire que les autres sons, que les airs. J'aime qu'on parle. A tel point qu'il m'arrive fréquemment de mettre sur mon ordi les voix en direct des contrôleurs aériens et des pilotes d'aéroports très fréquentés comme Kennedy à New York ou Boston ou O'Hare à Chicago. Ces voix déformées par la radio qui échangent des informations nécessaires, cabalistiques, impénétrables et urgentes, parsemées de chiffres et avec un accent américain à couper au couteau, m'enchantent, je ne m'en lasse pas et je ne me lasse pas du miracle qui fait que je puisse les écouter de mon appartement à Paris comme si j'étais juste à coté d'eux dans la tour de contrôle. Magie d'Internet le merveilleux! Voix des pilotes à la nonchalance calculée. Voix des ATC, rapides, pressées, impératives.

Les voix américaines nasillent, roulent des galets ronds avec leurs molaires, elles sont chaleureuses, le plus souvent très graves — même chez les femmes — et puissantes. Les voix anglaises sont mouillées, flutées, elles semblent glisser et se heurter aux incisives, elles sont fricatives et hachées et un peu dédaigneuses.

J'aime entendre déclamer de la poésie et entendre raconter une histoire. Les voix sont ma musique préférée.