samedi 31 octobre 2009

D'un vol à l'arraché raté

Amusant: j'ai été victime cette semaine d'une tentative de vol à l'arraché de téléphone portable, dans le métro, par un gamin de dix ans (au jugé c'est ce qu'il avait l'air). Moi dont le job est d'étudier et de tenter de comprendre les phénomènes criminels ou tout au moins l'insécurité dans les transports publics me voilà confronté physiquement à mes propres sujets d'études.

C'était Mercredi soir, je me suis assis sur un strapontin le long de la porte de la rame de métro et je jouais à ChainRxn sur mon iPhone. Je tenais celui-ci de la main droite donc la plus près de la porte et je ne le tenais que d'une main. À la station Jules-Joffrin sur la ligne 12 un petit gamin noir qui était sur le quai près des portes ouvertes de la rame de métro a essayé de m'arracher des mains le iPhone, mais il s'y est mal pris (les doigts en pince, pouce en dessous) et la forme du iPhone étant arrondie et le contact glissant il n'a pas pu me l'arracher. J'ai dû serrer ma main par réflexe aussi. Il s'est précipité vers la sortie après ça, avec son complice un enfant un peu plus grand qui faisait le guet ou qui l'aidait à repérer ses cibles. Je n'ai pas essayé de le rattraper, j'étais surpris mais pas du tout choqué ni en colère. Juste surpris.

Si je m'étais lancé à sa poursuite je n'aurai rien pu lui faire, à supposer que je sois parvenu à le rattraper, je ne suis pas sportif et ces petits drôles courent vite et se faufilent parmi les passants.

En fait j'avais, comme toujours dans ce cas là — c'est le criminologue qui parle — présenté une cible facile et vulnérable autant qu'attirante. La théorie des opportunités criminelles explique que pour qu'il y ait un acte criminel il faut qu'il y ait un délinquant potentiel et motivé, une cible vulnérable et attirante, et un lieu approprié au passage à l'acte. Le petit débutait manifestement dans sa carrière délinquante sous la supervision d'un plus grand, il ne maitrisait encore pas bien toutes les techniques ou peut-être ne les avaient-ils pas encore adaptées aux iPhones — les carrières délinquantes sont un autre concept de la criminologie moderne qui cherche à expliquer comment on devient délinquant, d'où on part, comment on progresse dans la carrière, comment on gère sa carrière (consciemment ou non). En gros la théorie des opportunités c'est "l'occasion fait le larron", les carrières délinquantes c'est "qui vole un oeuf vole un boeuf".

Mon iPhone est une cible attirante, c'est un téléphone qui fait tout et n'importe quoi en plus de téléphoner, c'est un bel objet, son prix est très élevé (pour un téléphone), par contre sa revente doit être problématique car il est difficile de le re-synchroniser, à moins de le déverrouiller ce qui demande quelques talents de geek.

Ma position, assis sur le strapontin, le long de la porte, tenant mon iPhone d'une seule main (le soutenant d'ailleurs plus que le tenant), de la main droite, la plus proche de la porte, faisait de moi et de mon iPhone une cible vulnérable, parfaitement bien placée pour permettre l'arrachage de l'objet des convoitises. Le fait que la rame de métro était à quai, portes ouvertes, ajoute à la disposition favorable des lieux.

Leçon apprise. Désormais je fais attention. On dit que ce sont les cordonniers les plus mal chaussés!