mercredi 17 juin 2009

"le proche est nul, les lointains sont fumeux"

En terrasse au Café de Flore il y avait des têtes qui me rappelaient vaguement des célébrités, mais pas assez célèbres pour moi. Qu'il doit être frustrant de ne pas être reconnu quand on s'affiche à la terrasse du Flore. Mais j'ai été poli j'ai fait comme si de rien n'était.


[j'enlève la photo de la grenouille car je la trouve moche, à quoi pensai-je en la publiant, je me demande?]

Au Flore j'ai vu un jour Stéphane Rousseau, ce comédien québécois qui jouait dans Les Invasions barbares (un film à mettre dans ma liste de films préférés, tiens).


Hé oui, c'est le printemps!

C'est un fait qu'il y a moins de crottes de chiens qu'avant sur les trottoirs de Paris, cependant ce soir il y avait, devant le 100 rue de Rennes, une énorme bouse dans laquelle quelqu'un, les preuves étaient encore visibles, avait marché; une merde si imposante que l'on pouvait se demander si c'était un chien ou éléphant qui l'avait posé là.
Je vous épargne la photo.

Et pour finir j'ai trouvé ça aujourd'hui (), de mon cher Jacques Réda et je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ce bijou :

Elégie de la petite gare

Même quand je serai plus vieux, ou si la mort me pince,
Je t'attendrai dans ces quartiers des gares de province
Qui sont identiques partout : des villas, des jardins
Avec des haricots, des lis et des tas de rondins
Autour de hangars dispersés dans la plate étendue
Où n'apparaît jamais au loin que la flèche perdue
De Sainte-Quelque-Chose dont le retable est fameux,
Ou souvent rien : le proche est nul, les lointains sont fumeux,
Le nom de la localité suppose une rivière,
Mais où coule-t-elle ? - le pont est sombre, ferroviaire,
Et par-delà des toits trop bleus, trop rouges, qu'y a-t-il
Sinon le même air à la fois inerte et volatil
Où le passant aventureux en un moment s'égare ?
De sorte qu'il vaut mieux rester au café de la gare
Sous un parasol jaune et vert, ou peut-être au buffet,
Devant les quais ou le soleil solitaire refait
Les cent pas entre deux poteaux de fer dont l'ombre dense
Tourne vers l'heure d'une improbable correspondance.

Oui, c'est là que je veux attendre. Et si tu ne viens pas,
Dans les traces du soir muet j'irai mettre mes pas.
Je l'accompagnerai le long des plates avenues
Qui cherchent le centre et n'y sont encore parvenues
Que par hasard après des virages et des détours
Par les ronds-points fleuris déroutants pour les carrefours
Où l'abribus toujours désert lui-même se résigne.
Un boulevard d'arbres chétifs retrouvera la ligne
Du chemin de fer, et j'aurai manqué le dernier train.
Alors j'attendrai de nouveau : demain, après-demain.
C'est très facile, dans ces lieux qui n'existent qu'à peine,
Pour quelqu'un qui n'existe plus, ou si peu. La semaine,
Les mois puis les ans passeront et, lorsque tu viendras,
Je sais qu'en transparence enfin tu me reconnaîtras.

Jacques REDA