mardi 19 mai 2009

New York de l'intérieur

Après deux jours de tourisme extreme (mais extrêmement agréable aussi), ce fut encore un plaisir supplémentaire d'aller rendre visite à mes amis New Yorkais, le blogueur extraordinaire RJ et sa femme Kathleen pour le dîner du dimanche soir. RJ travaille à son excellent blog quasiment jour et nuit, la simple quantité et qualité de sa production l'exige, mais il a réussi à ménager pas mal de temps et d'énergie pour me recevoir ce dimanche soir et cuisiner un très savoureux dîner. Non content d'être profondément civilisé et cultivé RJ est aussi, je peux en témoigner, un cuisinier hors pairs. Ici je voudrais mentionner combien j'apprécie l'amitié de RJ mais aussi de Kathleen, la perspective de rencontrer Kathleen l'année dernière m'intimidait beaucoup — j'étais, par RJ, au courant de sa profession d'avocate dans les hautes sphères de la finance — et j'ai découvert beaucoup de simplicité, de chaleur humaine chez Kathleen et une réelle empathie qui m'a profondément touché.
Bref, ce dîner fut excellent et la conversation qui l'accompagnait — non sans mentionner les vins dont j'ai, je crois, légèrement abusé — agréable et passionnante. RJ veut absolument prendre sur son temps précieux pour me montrer sa ville et je lui en suis très reconnaissant, il fait en effet un guide remarquable et la ballade dans son quartier que nous fîmes de concert cet après-midi fut pleine d'enseignements et d'observations passionnantes pour moi qui suit friand d'histoire de la ville et de ses quartiers. J'ai ainsi appris que le quartier de Manhattan qui s'appelle maintenant Yorkville s'appelait Germantown jusqu'à la guerre de quatorze, à cause de sa forte proportion d'immigrants germaniques qui y exploitaient une grande brasserie (aujourd'hui détruite mais dont la rampe qui servait à rouler les tonneaux de bière jusqu'à l'East River peut encore être observée dans le schéma des rues d'aujourd'hui). Lorsque la guerre fut déclarée Germantown devint fort opportunément Yorkville, non pas en hommage à la ville de York en Angleterre (d'où vient le nom New York) mais pour honorer un héros militaire de la guerre, le sergent York, que Gary cCoper incarna plus tard au grand écran dans le film éponyme. J'appris aussi que le remblais qui sert à supporter le FDR drive (anciennement avenue A) est en partie constitué de gravas londoniens, du Blitz, ramené là par les bateaux qui revenaient à vide d'Angleterre et qui avaient besoin de lest pour leur traversée retour.
J'avais l'intention aujourd'hui de prendre un peu de repos pour me remettre des deux jours intenses passés avec Y et C et du décalage horaire mais finalement j'ai marché des heures, ce matin et cet après-midi en prenant des photos. Le temps était ensoleillé et frais, idéal pour la marche le nez en l'air. Après le repas de midi (pris avec RJ au "café d'Alsace"), la promenade le long de l'East River, le thé chez RJ, j'ai pris le Lexington Express pour aller faire un tour au grand Barnes et Noble de Union Square. J'y ai repéré les oeuvres de Bernard Williams, Rawls, Dennett, Puttman, qui m'intéressent et qui sont introuvables en France (pays notoirement peu porté sur la philo analytique, hélas).
La seule ombre au tableau est l'état de mes capacités à m'exprimer avec un tant soit peu de nuance et de finesse en Anglais. Je veux dire, je lis très facilement l'Anglais, je le comprends assez facilement et j'arrive à avoir une conversation légère aisément, mais dès qu'il s'agit de parler de choses un peu plus élaborées et en particulier d'idées je suis à la peine et je crois que cet aspect s'est détérioré ces dernières années. Hélas, il faut, je pense, que je pratique plus l'anglais oral si je veux être vraiment fluent.
Je me rends compte que je n'ai pas raconté le deuxième jour du weekend passé avec Y et C, weekend qui fut most definitely good, indeed! Donc dimanche matin nous arpentâmes Central Park, le temps n'était pas très beau, gris et frisquet, mais le pollen littéralement en nuages épais dans le grand parc nous en chassa, tous, éternuants et toussants, au bord de l'asphyxie ou du grand choc anaphylactique. Nous avons continué notre exploration du Upper East Side sur Madison Avenue, et après un bon déjeuner constitué d'un hamburger de bison, nous sommes allé au Metropolitan Museum of Art, pour y admirer les collections d'Egypte antique, le Temple de Dendur et les collections de peintures impressionnistes et d'art contemporain (un Chuck Close qui m'a bien plut). Puis nous nous sommes tapé un bonne marche de 30 blocks environs avant qu'Y et C s'engouffrent dans un taxi direction l'aéroport de La Guardia et leur avion pour Houston, Texas. Un weekend vraiment cool et sympa qu'il faudra renouveler l'an prochain!