samedi 11 avril 2009

à la voile

À propos de ce billet je voudrais ajouter une chose :

Le nomadisme en bateau à voile est une forme particulièrement prisée en France de rupture avec la société, une sorte de protestation contre les contraintes de la vie conformiste occidentale, une envie de grand large et de liberté, un retrait laïque — ou parfois à cause d'un mysticisme un peu new age — au désert couplé à l'illusion que l'on va trouver ailleurs des peuples plus près de la nature et plus généreux — ils sont en effet plus près de la nature mais seulement parce que leur atroce pauvreté ne leur permet pas autre chose et leur générosité est souvent pleine d'arrières pensées vénales bien réalistes. Les Français qui sont partis comme ça vers le large sont assez nombreux, la tête farcie d'illusions et de préjugés aussi stupides que ceux qu'ils exècrent et quand ils ont réussi à échouer quelque part, parfois à leur point de départ : par exemple le port de Bénodet sous la grisaille Morbihanaise, ils écrivent un livre. Certains de ces récits de voyage en famille deviennent — c'est invraisemblable — des best-sellers. Mais tout le monde n'est pas Antoine ou Moitessier. Il y en a qui ne prennent pas la mer mais qui partent vivre à la campagne (au Larzac ou à Tarnac), échouent sur une île polynésienne ou partent en vélo vers l'Afrique. Il y a toujours plein de citoyens bien rangés pour les admirer, les suivre et les encourager, comme s'ils étaient leur conscience, ou les témoins que leurs propres rêves naïfs ne sont pas morts avec l'achat du lave-vaisselle, de la tondeuse à gazon et du téléviseur LCD . Et une frange de la population le cou serré par les cravates et les pieds coincés dans les chaussures en cuir, de les détester pour les mêmes raisons, en gros. J'ai de la compassion pour ces naïfs bien inoffensifs et je les trouve tout de même plus sympathiques, avec leur naïveté et leurs illusions parfois létales — et bien que souvent ceux qu'il m'arrive de côtoyer me paraissent franchement ridicules, pathétiques et irritants, pique-assiettes et portant des jugements catégoriques comme des bigots — aux petitx gars qui veulent devenir trader.