samedi 27 décembre 2008

shop 'till you drop

Un peu de repos, si j'ose dire mérité. Ce matin les grands parents sont partis vers une autre partie des Etats Unis, vers Boston et le Maine, ça va leur faire un changement de température.

Donc ce matin nous sommes devant nos écrans, les filles sont parties faire du shopping, les enfants jouent calmement, le temps est toujours gris, les petits écureuils gris d'Amérique sont très occupés par le distributeur de graines de tournesol dans le backyard. Je suis un peu enrhumé et j'ai toujours mal au genou, je boite bas mais j'essaie de ne pas me plaindre et de faire bonne figure, ce qui n'est pas trop difficile heureusement. À part les brusques écarts de température le temps ici est assez constant, gris, chaud et très humide (on m'a dit qu'hier il y avait 97% d'humidité à l'extérieur). Nous déjeunons souvent "à la cantine" un magasin d'alimentation qui fait aussi restaurant et où on peut manger autant qu'on veut pour un forfait de $10 par convive : il y a beaucoup de choix, les produits sont sensés être bios et équitables (bon pour notre mauvaise conscience, ça) et tout est délicieux. J'ai goûté un beurre de cacahuètes avec du miel, assez formidable.

Je reste très intéressé par la pub sur les billboards qui bordent les routes : en premier viennent les pubs pour les cliniques médicales, les spécialistes des genoux, du syndrome du canal carpien, les dentistes, les cliniques spécialisées dans le cancer, l'obésité, la chirurgie esthétique, ici on vous propose constamment de vous faire soigner, la santé est un marché comme un autre et plus le niveau de vie est important plus il y a de fric à se faire; les pubs pour les casinos qui annoncent qu'ils ont un programme spécial pour les joueurs invétérés; les pubs pour les avocats spécialisés en responsabilité civile, en assurances, en immigration; les pubs pour les programmes d'économie d'énergie sponsorisés par... Chevron; les pubs pour les Alcooliques Anonymes et l'Armée du Salut.

Le long de la 59 (pour aller à Hermann Park, au zoo par exemple) on passe près de l'église géante du télévangeliste Joel Osteen (dont la compagnie est Joel Osteen Ministries, qui vend des ouvrages du réverend (livres, CD, DVD) dans le monde entier. Joel Osteen, le pasteur, qui a succédé en 1999 à son père, achète des slots de 30 minutes à la télé pour faire son prêche dominical, il a ses sept millions de téléspectateurs à qui il s'adresse depuis son église de Lakewood à Houston (capacité : 16 000 paroissiens, construite exactement comme un stade de basket) et son show (pardon, son prêche) est diffusé dans le monde entier (sur MSNBC en Europe). Joel Osteen est plus un homme d'affaire et un promoteur de la pensée positive qu'un théologien, il n'est guère charismatique, il se réfère très peu à la Bible qu'il tient pourtant constamment ouverte près de lui. De son aveu même il se voit plus comme un "life coach" qu'un leader spirituel. Il est toujours, dans ses prêches, accompagné par sa femme, qui ressemble à Cindy McCain. Sa petite entreprise ne connaît pas la crise (d'ailleurs il prêche le prosperity gospel : la richesse et la prospérité sont sensé être la récompense du chrétien fidèle).

Ici les dentistes, les médecins, les pédiatres, les kinés, les radiologues, les laboratoires d'analyse ont pignon sur rue au milieu des autres enseignes commerciales, à coté d'un coiffeur, d'une manucure et entre une agence immobilière et un prêteur de caution (bail bond). Rien ne les différencie du salon de beauté d'à coté. Les pharmacies sont des supérettes. Les multiples instances du même hôpital s'étendent aux quatre coins de la ville (Memorial Hermann semble tenir le haut du pavé en matière de succursales hospitalières). Ici, dans l'ouest de la ville, on est en train de construire une passerelle couverte entre l'hôpital et le Target, sans doute pour que les malades ou leurs visiteurs puissent aller faire plus facilement leurs courses, possible que Target a passé un deal avec Memorial Hermann à ce sujet.

Avant-hier nous avons fait une ballade à Brazos Bend State Park un très joli coin dans les bayous, avec de beaux arbres d'où pendouillent les lichens (kudzu?), des alligators qui vaquent à leurs affaires en liberté, un armadillo de rencontre pas du tout effrayé par les humains, le vol des vautours comme dans les westerns bien que le décor fasse vraiment Sud profond, Tara et toutes les images que nous avons dans le cortex à propos du Sud des plantations (moins les maisons). C'est la première fois que je me promène en tee-shirt le jour de Noël. Sans compter l'observation des 'gators in the wild !

Je me suis acheté une montre, deux paires de tennis (magnifiques et pas cher, je ne supporte que les tennis aux pieds, le port de chaussures de ville est un véritable calvaire) et divers sportswears. Je suis tout sauf sportif mais j'aime bien les vêtements "de sport".