dimanche 7 décembre 2008

notule dominicale

Encore un dimanche gris, mais vraiment gris et avec du brouillard et glacial par dessus le marché, un dimanche où l'on ne voit pas une minute le ciel ni le soleil, un dimanche à ne pas mettre un pied dehors et donc se consacrer à d'autres entreprises que d'aller se balader — flâner dans Paris commence à me manquer sérieusement — comme quelques tâches ménagères, flâner sur le web, écrire sur son blog pour se plaindre, lire. J'ai une traduction à faire mais je n'arrive pas à m'y mettre et pourtant je crois que j'aimerais bien mais la tendance à la procrastination est devenue quasiment pathologique chez moi, au point de ne pas poster sur ce carnetoile aussi souvent qu'il serait raisonnable de le faire.

Depuis que nous avons sommes passés à l'heure d'hiver je ne me suis plus promené dans Paris comme j'aime le faire, comme je le faisais avant le changement d'heure le soir après le travail à la Base Secrète, car maintenant quand je sors du boulot il fait nuit depuis longtemps, il fait froid, il pleut, et bien que j'ai toujours envie de marcher et de faire des photos je crois que ne supporte plus la nuit et le froid et la pluie. C'est peut-être parce que je vieillis, mais il y a encore un an et demi ça ne me gênait pas de rentrer à pied de mon ancien job à chez moi par tous les temps et à toutes saisons (peut-être parce que la tension dans mon ancien travail et l'ennui profond que je ressentais alors dans ce travail m'obligeaient à marcher pour retrouver un semblant d'équilibre avant de rentrer chez moi, pour évacuer l'ennui et la tension et la morbidité de la journée). Je pourrais aller me promener le midi mais là je n'en ressens pas le besoin et il faut aller déjeuner de toutes façons et il y a trop peu de temps disponible et il y a cette pression sociale à aller déjeuner avec les collègues, que si vous ne le faites pas, vous vous détachez de l'équipe, vous vous mettez quelque peu en marge, marge qui s'étend et s'élargit avec le temps et vous finissez par être considéré comme un asocial, quelqu'un qui n'aime pas ses collègues ou plutôt qui s'emmerde avec eux donc qui les considère comme des gens ennuyeux et pas digne d'intérêt et ça fini par vous plomber la vie au travail, les collègues en viennent à vous ignorer plus ou moins et quand vous avez envie d'une oreille attentive et accueillante et quand vous avez envie d'un peu de chaleur humaine ou d'un petit service il n'y a plus personne.

Et donc je ne marche plus dans Paris comme j'aimais le faire, ça ne me manque pas de ne plus passer par la place de Clichy ou le square des Batignolles ou l'église des Batignolles, la rue des Batignolles, l'avenue de Clichy, la rue Championnet où, de toutes façons, j'avais plus que marre de passer tous les jours, tous les soirs, tous les midis, au point qu'encore aujourd'hui je ne puis regarder les photos que j'avais fait alors de ces lieux de ces rues et places, photos que je faisais tous les jours, tous les soirs, même quand il faisait nuit et froid et qu'il pleuvait, mais ces rues ces places, ces avenues, la librairie de Paris place de Clichy, la rue Brochant sont maintenant dans ma mémoire associés à ce travail morbide, ce travail d'esclave salarié que je faisais il y a un peu plus d'un an maintenant et dont je me suis heureusement tiré pour aller bosser à la Base. Il me falloir un peu de temps avant de pouvoir regarder le XVIIème arrondissement avec sympathie. Maintenant je travaille à l'autre extrémité de Paris, le XIVème arrondissment, le quartier de la Gare Montparnasse et je me demande comment on peut ne peut pas aimer ce quartier vivant et animé, aux petites boutiques étonnantes (on se demande comment certains commerçants qui sont dans un tout petit créneau arrivent à survivre économiquement) et la rue de Rennes et la proximité de St Germain des Près et Saint Sulpice (mon église préférée) et du Quartier Latin.

Je ne supporte plus très bien le gris, le froid, la nuit qui tombe de bonne heure, si tant est que j'ai un jour bien supporté l'hiver et je ne crois pas que j'ai un jour aimé l'hiver sauf la neige. La pluie c'est différent : entendue sur les toits ou sur les vitres quand on est à l'abri je trouve la pluie très agréable, peut-être parce que ça fait un bruit blanc très relaxant, enfin relaxant pour moi, comme le bruit de la douche, un peu; l'été je trouve très agréable la pluie d'orage qui tombe à gros traits à la fin d'une journée étouffante (mais c'est bon aussi les jours étouffants de chaleur), je trouve sainte et rafraîchissante la pluie d'été de l'ouest, tiède et douce, fine et pure qui lave la poussière des rues et des toits et apporte une douce tiédeur bienvenue.

Dans 15 jours maintenant je serais à Houston, avec un peu de chance. Faire des affirmations comme ça me semble toujours tenter le sort et je dis, j'écris "avec un peu de chance" à chaque fois pour conjurer le destin. Donc j'espère voir un peu le soleil et le ciel bleu là-bas, je doute que nous aillons de la chaleur mais au moins un peu de douceur serait la bienvenue.