vendredi 29 août 2008

un beauf'

Ce type est invraisemblable. Sa tête est remplie d'idées vaseuses, réductionnistes, primaires, à l'emporte pièce, désinvoltes. Et il les exprime comme des vérités intangibles. Mine de rien il prend les autres (tous les autres) pour des imbécilles et s'en cache à peine. Surtout les intellos, ceux qui trouvent que le monde est plus compliqué qu'il en a l'air, pas blanc et noir, qui lisent des livres et parlent avec prudence. Il les accuse de se tirer sur la nouille et d'utiliser la langue de bois. Il les méprise. Il est raciste, du genre colonialiste, persuadé de la supériorité intrinsèque de la race blanche européenne. Il juge les gens en un clin d'oeil. Il ne supporte pas le spectacle de la pauvreté et de la crasse, c'est une agression pour lui, non pas parce que ça affecte ses valeurs morales, son altruisme, mais parce que ça lui donne une image de ce qu'il craint de devenir dans ses pires cauchemars. Le clodo est son ennemi intime. Il a fait une grande école de commerce. Il n'est pas complêtement idiot mais il est inculte. Il a beaucoup voyagé, dans le monde entier. Mais ses voyages ne lui ont pas ouvert l'esprit, plutôt donné des occasions de mépriser les autres, surtout ceux qui sont moins développés économiquement que nous Européens et Français en particulier (surtout Français). Il n'aime pas les Américains non plus, trop enthousiastes, pas assez roublards, trop positifs, trop cucul-la-prâline, trop embondieusés, trop puissants aussi. Il est individualiste et a horreur du collectif, de l'esprit d'équipe. Il est terrorisé par l'introspection, le retour sur soi, le silence, la spiritualité, comme s'il allait découvrir quelques cauchemars grotesques au fond de sa psyché. Il déteste ou méprise tous ceux qui ne sont pas comme lui. Il prend un plaisir malsain à raconter les déconvenues des autres, leurs échecs ou leurs désillusions, tout en passant sous silence ses propres défaites.