vendredi 22 août 2008

olympisme

J'ai beau ne pas trop m'intéresser aux Jeux Olympiques j'ai été comme tout un chacun admiratif de l'exploit de Michael Phelps dans sa quête de huit médailles d'or. En 1972 j'avais éprouvé la même admiration pour un autre nageur Mark Spitz qui avait obtenu, lui, sept médailles d'or. C'est une admiration pour les qualités individuelles, le fighting spirit, la sheer dimension de l'ambition et de l'exploit de cet individu et la somme invraisemblable de travail acharné (et ennuyeux) que cet exploit a dû exiger de ce jeune homme. Je ne suis pourtant pas quelqu'un qui s'intéresse au sport en général, bien que j’aie un penchant pour le baseball et le cricket. Je ne suis pas sportif moi-même et je n'éprouve pas beaucoup d'émotions au spectacle du sport que je trouve en général ennuyeux.

Pour moi le grand dévoiement de l'esprit olympique — si toutefois il y a un esprit olympique — est là. Ce sont des équipes nationales en compétition, plus que des individus, et ces individus ne sont finalement que les porte-drapeaux de leurs pays. Les résultats en médailles sont donnés par nations et les athlètes vainqueurs regardent solennellement monter leurs couleurs au son de leur hymne national. La fierté éprouvée par le public est avant tout chauvine. Voilà les imbéciles heureux qui sont nés quelque part. Les états récupèrent la gloire et le prestige de leurs athlètes, leur travail aussi, comme un retour sur investissement. Car il y a une grande dépense d'argent public pour financer le travail des athlètes pour des raisons de prestige national ou de propagande. Et c'est de l'argent dépensé qui n'a aucune utilité sociale. Les pays plus pauvres sont forcés par cette compétition à dépenser un pourcentage douloureux de leur argent public pour rester à la hauteur des riches qui de toutes façons resteront favorisés de par leur démographie, leur climat ou leurs revenus.

C'est la fierté nationaliste qui a tendance à me détourner des Jeux Olympiques et du sport spectacle en général. Je suis accablé de constater que l'on ne parle à la télévision et dans les journaux que des disciplines sportives ou figurent des athlètes français, que des épreuves même où figurent des athlètes français, que des exploits ou des échecs des athlètes français (à l'exception notable des exploits hors normes comme celui de Michael Phelps, ou des épreuves mythiques comme le 100 ou le 200m) et du compte de médailles françaises. Il est en est de même dans tous les pays bien sûr et même à un niveau régional : je me rappelle que Radio Breizh Izel donnait l'autre jour des nouvelles de la seule athlète bretonne engagée dans ces Jeux.

Il ne faudrait pas déduire de ce que je viens d'écrire que je suis contre le patriotisme, bien au contraire. Dans mon esprit le patriotisme est une valeur, c'est un sentiment d'appartenance à un pays ou à une culture et un amour de ce pays ou de cette culture qui me semble honorable. Non, ce que je rejette c'est le chauvinisme qui en est une manifestation aveugle et haineuse pour les étrangers et le nationalisme qui est une idéologie chauvine destiné à dresser les peuples les uns contre les autres. Quand l'olympisme sert à exalter l'effort contre soi-même et contre les éléments ligués contre vous, quand l'olympisme c'est la fraternité et la compétition, quand c'est l'exaltation et l'exemple de l'adresse, du travail acharné sur soi-même, de l'affinement des capacités physiques humaines, de l'opniatreté, de la résistance, de la patience, alors oui je trouve ça beau et nécessaire.