samedi 30 août 2008

Gustav

J’ai toujours été fasciné par la météo. J’avais douze ans lorsque je suis allé à la pauvre librairie de St Brévin l’Océan et que j’ai demandé au vendeur un livre que j’avais vu chez un copain et qui m’avait extraordinairement intéressé dont le titre était “Quel temps va-t-il faire?”. Ils n’avaient pas ce livre de vulgarisation météorologique et le vendeur m’a même répondu avec un mépris dont je me souviens encore “tu peux aussi consulter une voyante!”
Cette réponse moqueuse et lapidaire ne m’a pas détourné de ma nouvelle passion pour la météorologie. La librairie de St Brévin étant mon principal pourvoyeur de Bob Moranes, série de romans d’aventures que je lisais à l’époque avidement, je ne leur en ai pas voulu longtemps.
Depuis j’ai lu maints livres de météorologie, certains des vulgarisations, certains très savants que je n’ai qu’en partie compris, et mon intérêt pour la météo n’a jamais failli. En fait ce sont les phénomènes météo les plus spectaculaires, au rang desquels les ouragans et autres typhons tiennent une bonne place, qui aujourd’hui retiennent le plus mon attention.
En plus, ces temps derniers, avec l’installation d’une partie de ma petite famille à Houston, Texas, les ouragans, ceux qui attaquent le golfe du Mexique en particulier et potentiellement les côtes du Texas, me concernent quasiment personnellement.
Les ouragans ne sont, en gros, que des dépressions tropicales qui partent en vrille et deviennent dangereuses avec des vents extrêmement forts, des pluies diluviennes et une sorte de raz de marée sur leur passage. Tant que l’ouragan passe au dessus de la mer il ne rencontre pas d’obstacle (sinon le marin terrorisé ou la plate-forme pétrolière abandonnée qui ne l’influence pas plus qu’une puce sur le dos d’un grizzly), au contraire, tant qu’il est au-dessus de mers chaudes il va se renforcer. C’est quand il atteint une terre, et une terre habitée en particulier qu’il devient dangereux.
Les cyclones (le nom scientifique des ouragans) sont de faible diamètre, ils présentent des isobares (les lignes d’égales pressions) en cercle parfait avec des bras nuageux en spirale et un “oeil” au milieu de la spirale (une zone de très basses pressions mais très calme, une sorte de trou au milieu de la tempête), la chute du baromètre dans un cyclone présente une caractéristique forme en “V”, c’est dire qu’elle est soudaine et très profonde, l’effet du cyclone est assez bref, d’ailleurs, mais comme on dit chez nous : “ça décorne les boeufs”.
Dès que cyclone “atterrit”, qu’il s’avance à l’intérieur des terres, il perd de sa puissance très rapidement parce qu’il ne peut plus se nourrir des eaux chaudes qui l’ont fait grandir. C’est pourquoi ce sont surtout les côtes qui sont en danger, ou les régions immédiatement derrière les côtes.
Maintenant ce qui est intéressant et utile c’est d’essayer de prévoir comment l’ouragan va se comporter, où il va passer et où il va atterrir. On a recours pour se faire aux ordinateurs, bien sûr, qui vont prendre en compte tous les facteurs qui peuvent avoir une influence sur le chemin que va prendre le monstre: les zones de hautes pressions environnantes, l’emplacement et la force des jet-streams, etc., ainsi que l’évolution probable de ceux-ci et l’évolution du cyclone lui-même et calculer des scénarios possibles avec la marge d’erreur la plus petite possible. Bien sûr, il arrive qu’ils se trompent, les ordinateurs, mais la fiabilité, surtout à court terme, est quand même très bonne.
Parlons-donc du vieux Gustav, la dernière bête en date, qui vient de partir en direction du Nord avec la ferme intention de nettoyer le Golfe du Mexique de ses installations pétrolières et ensuite d’aller flanquer une bonne correction aux gens qui ont eu l’imprudence d’aller s’installer près des côtes, malgré les précédents multiples et meurtriers. Auparavant Gustav aura sérieusement secoué Cuba.
Comme chacun sait (non, mais on fait comme si) la ville de Houston n’est pas au bord de la mer mais pas vraiment loin non plus. Houston, Texas, n’est pas New Orleans (Louisiane), elle n’est pas construite dans une sorte de polder mal protégé par des digues résistant mal au coup de butoir des ouragans, comme on l’a vu avec Katrina (un autre doux nom pour un gros monstre de la nature) il y a trois ans. N’empêche qu’un cyclone sur Houston pourrait faire pas mal de dégâts à la cinquième ville des Etats Unis et home de ma petite famille.
Il n’est pas interdit de penser que l’ouragan Gustav se dirige vers Houston, mais les dernières projections donnent l’atterrissage du cyclone un peu plus à l’Est, en Louisiane encore une fois et, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour la ville, à l’Ouest de New Orleans. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour New Orleans parce que chacun sait (non, mais on fait comme si) que c’est à l’Est de son oeil que les vents d’un ouragan sont les plus forts et les plus dangereux.
Nous gardons un oeil sur Gustav et on en reparlera ici.