mercredi 30 janvier 2008

ce matin

Une fille en face de moi parcoure Métro (une feuille gratuite et sommaire, parfaitement nulle dont la une était ce matin consacrée à la sortie du film Astérix aux jeux olympiques, entre tout autre sujet d’actualité, film que j’exècre déjà en raison de sa promotion invraisemblable et de son thème franchouillard et malgré la présence au générique de Benoît Poolvorde, personnalité attachante). Elle lit Métro donc, mais sans attention, celle-ci étant requise par son téléphone portable qu’elle a en permanence à l’oreille (négligeant la forte probabilité que ces appareils constamment à l’oreille portés provoquent des tumeurs au cerveau et autres joyeusetés (bien sûr il n’y pas de preuve, mais le jour où il y en aura, et ce jour viendra, nous serons forts marris de ne pas avoir utilisé l’oreillette, vous verrez)). Cette jeune femme, que nous appellerons Patricia, parce que son visage nous rappelle une Patricia que nous avons connu dans un passé lointain, Patricia donc, a les yeux rouges, cet élément associé au fait qu’elle a aussi le nez un peu rouge nous laisse penser qu’elle ne pleure pas, comme un examen sommaire aurait pu le laisser penser mais qu’elle a un rhume, hypothèse confirmée quand elle extrait de son sac un mouchoir en papier et qu’elle se mouche avec, elle a le nez bien plein, la pauvre (mais peut-être qu'elle pleurait finalement, qu'on lui a annoncé une mauvaise nouvelle au téléphone, qui sait?)
La femme sur ma droite lit aussi Métro, celle en face de moi à gauche lit Matin Plus (feuille de chou gratuite encore pire que Metro), celle en face mais à gauche de la précédente a les yeux fixés sur une console de jeu Nintendo DS Light.
Que des femmes. Que de femmes !
A Saint Lazare la fille enrhumée descend et laisse sa place à une autre femme, de la quarantaine cette fois (la précédente était plutôt de la trentaine, à vue de nez). Elle ouvre Métro. Ses ongles sont étrangement artificiels, manucurés, lunules extrêmement blancs et accumulation de vernis blanchâtre et brillant. J’ai une véritable phobie des mains des gens. Les gens ont des mains laides à quelques exceptions prêt dont je ne fais partie, Bill Clinton, par contre, avait (a toujours) des mains magnifiques. Bon, mais ce matin, je fais un tour d’horizon des mains qui m’entourent et je n’en trouve pas une paire qui ne me rebute pas pour telle ou telle raison. Trop boudinées, trop longues, décharnées, manucurées sans goût. Les faux ongles sont bientôt remplacés par une petite bonne femme à l’air pas commode qui n’hésite pas à me taper dans les genoux avec les siens pour se faire de la place (je tiens trop de place avec mes longues jambes, mais je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit de m’asseoir dans le métro à cause de ça, comme les autres). A droite une femme enceinte se prépare à s’asseoir. Elle prend son temps pour enlever son manteau comme si elle se trouvait dans un train avec deux heures de voyage devant elle, et de le plier soigneusement et méthodiquement. Elle a posé sur le siège d’à coté miraculeusement vide ses multiples sacs (à main, à gamelle pour midi, à…), elle s’assoit enfin avec un air de parfaite justification, elle porte dans toute son attitude corporelle la satisfaction d’être et de faire toujours exactement comme il convient, en fait elle a l’air fort satisfaite de la façon dont elle a plié son manteau, juste comme il faut, elle l’admire, enlève un pli furtif d’une caresse décidée, avant de sortir d’un de ces sacs un roman de Marc Lévy (misère… !).