vendredi 27 avril 2007

matière de rêves / Faulkner

En ce moment je fais des rêves bizarres et un peu morbides, avec de détails très réalistes mais qui, à l'heure du réveil apparaissent comme complètement loufoques ou invraisemblables. Mes rêves, disais-je, sont tellement réalistes que je mets un long moment entre le chien et loup du réveil, le moment où l'on n'est pas encore tout à fait éveillé, où on émerge juste du sommeil et le moment où la réalité reprend son statut de réalité, à en sortir vraiment et pendant ce long moment il m'arrive de m'inquiéter de telle ou telle situation pourtant complètement onirique et parfois je me dis que la trame romanesque de mes rêves est extrêmement ingénieuse à tel point que je me dis que jamais à l'état éveillé je n'aurais des idées comme ça et qu'avec les idées romanesques de mes rêves je pourrais surement écrire une histoire voire un roman, mais je me réveille, j'ai la flemme de noter mon histoire géniale et quelques minutes après je ne me souviens plus assez précisément de quoi il s'agissait. En ce moment, disais-je, je rêve souvent d'enterrements, mais je ne me souviens jamais de qui on célèbre les obsèques, qui est dans le cercueil et qui le suit, sinon que je ne suis jamais dans le cercueil (c'est déjà ça!) mais que j'organise plus ou moins les obsèques et toujours par un temps magnifique et un soleil de plomb et une chaleur torride, un peu comme dans un roman de Faulkner. Les romans de Faulkner qui m'avaient très profondément marqués quand je les avais lu, je tiens Faulkner comme un des plus grands écrivains qui soient, un grand, un maitre. Et il s'agit toujours d'organiser les obsèques de quelqu'un avec tout un tas de péripéties compliquées et de contretemps, péripéties néanmoins extrêmement réalistes sauf par la nature des protagonistes de mon rêve d'obsèques qui sont souvent des personnes célèbres et souvent déjà mortes elles-mêmes (mais ça je ne m'en rends compte qu'une fois réveillé). Ainsi Romain Gary me pose souvent de graves problèmes et des complications sans noms, dans mes rêves d'obsèques, ainsi qu'Yves Montand, Jacques Prévert et cette nuit c'était William Faulkner lui-même avec sa petite moustache, sa petite veste en pied-de-poule, ses bottes de cheval et sa cravache (ainsi qu'il apparait sur une photo que, je ne sais pour quelle raison, j'ai en tête) qui était bel et bien vivant dans mon rêve d'obsèques, mais je ne me souviens plus ce qu'il y faisait William Faulkner dans mon rêve d'obsèques et qui on enterrait et après tout je ne tiens pas trop à le savoir, finalement.